Allongée sur ton transat sur une plage de Moorea, tu vois ton chéri sortir du lagon, des gouttes d’eau ruisselant sur son corps d’Apollon, tout fier et portant en trophée un magnifique perroquet aux couleurs éclatantes ! C’est le tableau parfait, chouette, petit barbecue en perspective… Seul hic, après s’être régalés, vous avez des vomissements, de la diarrhée et des nausées, tout sauf sexy ! Hélas, ce sont les symptômes de la ciguatera, appelée plus couramment la gratte. Avant de t’énerver contre ton Tane, voici un petit guide sur la ciguatera : on vous dit tout !
Mais c’est quoi la gratte en fait ?
C’est un type d’empoisonnement alimentaire transmis lors de la consommation de certains poissons tropicaux, dont le perroquet que tu viens d’engloutir. Ces poissons, sont contaminés eux-mêmes par une toxine provenant d’une microalgue : la magnifique ciguatera. Celle-ci colonise la surface des coraux morts. Les poissons qui grignotent ce corail deviennent alors ciguatoxiques, car porteurs de la toxine. Il faut prendre au sérieux cet empoissonnement car si dans la plupart des cas il passe en quelques jours, il peut parfois devenir très grave. C’est bien toutes ces explications, mais pourquoi ça s’appelle la gratte alors ? Ce petit nom indique simplement l’un de ses symptômes qui est la démangeaison. Alors ça te gratte ?
Quel est l’origine de la gratte?
Les divers phénomènes naturels tels que les cyclones, fortes pluies, mais également les actions de l’homme comme la pollution, l’élévation des températures, la construction de quais, aggravent considérablement la situation environnementale en perturbant le récif, en détruisant le corail et en favorisant la prolifération des microalgues. Et oui, cela ne va pas aller en s’arrangeant…
Tous les poissons peuvent-ils être atteints ?
Non ce ne sont pas tous les poissons et bien heureusement ! Cependant ce sont pratiquement tous les poissons du lagon qui peuvent être ciguatoxiques mais pas tous au même degré. En bref, ton perroquet a juste grignoté le mauvais corail : la saleté ! Attention les grands poissons vivant à proximité des récifs sont généralement plus toxiques, comme les mérous, les carangues, les murènes ou encore les barracudas. Et oui, parce que ces gros poissons se goinfrent de petits poissons qui ont eux-mêmes grignotés des algues, du coup ils stockent plus de toxine en eux ! Mauvais karma les gars ! Il y a donc, un risque beaucoup plus faible d’attraper la ciguatera en mangeant des poissons du large. Pourquoi me diras-tu ma jolie ? Et bien parce que les gros poissons du large, eux, jouent dans la cour des grands et ne mangent pas les poissons du lagon (sauf s’il y en a un qui s’est égaré dans l’océan).
Quels sont les symptômes ?
Quelques heures après la consommation, généralement entre 2 à 12 heures, des symptômes d’un empoissonnement apparaissent. Voici les plus courants :
- Des signes digestifs : nausées, vomissements, diarrhées, crampes abdominales,
- Des signes neurologiques : vertiges, fourmillements (notamment au niveau des lèvres, des paumes de la main), douleurs articulaires ou musculaires, inversion des sensations chaudes et froids,
- Des signes cardiovasculaires : baisse de tension, ralentissement du pouls.
Vous pouvez également avoir des démangeaisons, sueurs, fatigue, rougeurs…
Ces symptômes dépendent de la quantité de poisson toxique consommée ainsi que de votre gabarit. Les personnes âgées, femmes enceintes et enfants sont bien sûre plus fragiles face à cette intoxication. Il est bien entendu conseillé aux femmes allaitant de ne plus donner leur lait maternel pendant l’intoxication et la phase de guérison.
Parfois, les patients ne supportent plus l’eau de leur douche, pas mal pour des économies.
Quel est le traitement miracle alors ?
Attention il n’existe à ce jour aucun remède contre la ciguatera. La gratte justifie une consultation chez un médecin. Ce dernier, vous prescrira des médicaments pour atténuer les symptômes. Vous allez vous sentir généralement mieux au bout de quelques jours, mais le rétablissement complet peut prendre parfois plusieurs mois.
Il est important de se rappeler de la nature du poisson que vous avez consommé et de détailler tous vos symptômes à votre médecin traitant.
Il faut également boire beaucoup d’eau afin de favoriser l’élimination de la toxine. Eviter les boissons alcoolisées (bye bye les petits mojitos du vendredi soir) pour ne pas trop solliciter votre foie. Abstenez-vous également de toute consommation de poisson, et ce pendant plusieurs mois, pour écarter les risques de réinfestation.
Comment reconnaître un poisson ciguatoxique ?
Il est IMPOSSIBLE de savoir si un poisson est atteint de la gratte ! Ni odeur, ni apparence significative. Impossibilité également d’éliminer la toxine par congélation ou par cuisson. Il n’existe aujourd’hui, aucun test fiable pour déceler la présence de la ciguatoxine ! Attention également aux fausses rumeurs, on dit souvent qu’un poisson ciguatoxique éloigne les mouches et les fourmis : c’est FAUX ! Et évitez l’idée de tester sur votre chat Pépette si ça la rend malade, ce n’est pas sympathique.
Où trouve-t-on- des poissons ciguatoxiques ?
La ciguatera sévit dans les régions tropicales, et intertropicales comme en Océanie, Polynésie, Océan Indien ou encore aux Caraïbes. Les poissons vivent sur les récifs, dans les lagons ou encore les mangroves. Les secteurs contaminés changent, un secteur sain peut donc devenir contaminé et vice versa.
Comment éviter la ciguatera ?
- Si vous devez consommer des poissons du lagon, préférez les petits poissons de récif, car plus le poisson est gros, plus il risque d’être toxique.
- Ne consommez pas de poissons pêchés dans des zones à risque.
- Enlevez les parties du poisson où les toxines se concentrent le plus : viscères, têtes, organes internes.
- Demandez l’avis à des pêcheurs, ils ont une bonne connaissance des poissons et des zones à éviter.
Si vous avez été contaminé, enregistrez une déclaration sur la carte dynamique des zones toxiques sur Ciguatera-online.com. Cette cartologie regroupe des déclarations de professionnels, pêcheurs, et consommateurs contaminés.