Dans la société Polynésienne, le problème du surpoids et d’obésité concerne de plus en plus de personnes.
Depuis quelques décennies, l’alimentation traditionnelle principalement basée sur des aliments d’origine végétale a été remplacé par une alimentation riche en graisses et en aliments à forte densité énergétique. Ce changement d’habitude alimentaire a joué un rôle important dans l’augmentation des problèmes de santé liés au surpoids. En règle générale, les problèmes les plus graves sont silencieux et ils le restent pendant plusieurs années. L’obésité et le surpoids entraînent de nombreuses maladies. Il ne s’agit donc pas que d’une question d’image et d’esthétique. L’obésité réduit l’espérance de vie et elle est à l’origine de souffrances psychologiques.
Pour mieux comprendre ce phénomène de santé public, nous sommes allés à la rencontre d’Anaelle Paupier, diététicienne au Service de la Santé :
Pouvez-vous vous présenter ?
Anaëlle PAUPIER, je suis diététicienne au sein du Bureau des Maladies Liées au Mode de Vie rattaché au Département des Programmes de Prévention de la Direction de la Santé.
Qu’est-ce que l’obésité ?
L’obésité est définie comme une accumulation anormale ou excessive de graisse corporelle qui peut nuire à la santé. L’obésité est reconnue comme maladie depuis 1997 par l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS).
Qu’est-ce que l’IMC ?
L’Indice de Masse Corporel est une mesure simple du poids par rapport à la taille couramment utilisée pour estimer le surpoids et l’obésité chez les adultes. Son calcul se fait tel que : Poids (kg) / Taille (m)².
Quelles sont les différentes catégories de l’IMC ?
Selon le résultat, l’IMC indique (résultat en kg/m²) :
- <18.5 : maigreur
- 5 à 15 : poids normal
- 25 à 30 : surpoids
- >30 : obésité
Quels sont les différents types d’obésité ?
Lorsque l’IMC est égal ou supérieur à 30kg/m², on parle d’obésité qui peut être classée en plusieurs grades (aussi appelés types, niveaux, stades) selon le résultat au calcul d’IMC :
- 30 à 35 : grade I ou obésité modérée
- 35 à 40 : grade II ou obésité sévère
- Supérieur à 40 : grade III obésité morbide.
Selon la répartition des tissus adipeux (graisses corporelle), on peut distinguer deux types qui sont :
- L’obésité androïde, où la graisse est davantage répartie sur le haut du corps
- L’obésité gynoïde, où la graisse se retrouve davantage dans le bas du corps.
Ces deux derniers types sont mieux repérés grâce à la mesure de la taille et des hanches à l’aide d’un mètre ruban.
Quels sont les facteurs responsables de l’obésité ?
Étant une maladie multifactorielle, l’obésité montre plusieurs origines telles que :
- La qualité et la quantité des apports nutritifs
- La sédentarité
- La génétique (capacité de stockage, adaptation au milieu, etc.)
- L’influence de l’environnement socioculturel
- Les facteurs endocriniens
- La qualité des produits alimentaires (augmentation de sucres et matières grasses ajoutés) et marketing prégnant dans la société actuelle
Comment le taux d’obésité a-t-il augmenté ces dernières années ?
Depuis une vingtaine d’années, le monde entier se retrouve confronté à cette problématique de santé que représente la surcharge pondérale.
En 2010, l’enquête santé menée par la Direction de la santé montre que 70% de la population adulte est en surpoids, dont 40% au stade d’obésité. Ces chiffres sont élevés mais restent stables depuis 1995.
En 2014, la Direction de la santé a mené une enquête sur l’obésité infantile. Il en ressort que 36% des enfants scolarisés de 7 à 9 ans sont en surpoids, dont 16% au stade d’obésité.
Pourquoi cette maladie se développe-t-elle de plus en plus dans le monde et en Polynésie ?
Compte tenu des différents facteurs liés à l’obésité, il est nécessaire de se pencher sur le développement de chacun de ces facteurs pour comprendre la croissance de la maladie en Polynésie française comme dans le monde. Notamment, la croissance des industries agro-alimentaires qui augmentent la disponibilité alimentaire, sans pour autant en augmenter la qualité, mais aussi le marché de restauration rapide qui ne cesse de croître, diminuant l’effort physique du consommateur. La qualité des produits aisément disponibles aux consommateurs sont également de plus en plus riches en énergie, de par la richesse en glucides simples et matières grasses ajoutés, et de moins en moins riches en éléments nutritifs (vitamines et minéraux). Aussi, pour différentes raisons (facilités de déplacement, accessibilité, etc.), on observe depuis plusieurs dizaines d’années une baisse de l’activité physique moyenne par personne.
La pauvreté a-t-elle un rapport avec les problèmes d’obésité ?
Le statut économique a un impact important sur la santé, comprenant ainsi l’obésité. En effet, les ressources économiques font varier la qualité et la quantité des apports alimentaires du ménage/foyer. De plus, selon l’environnement dans lequel l’individu évoluera, il y aura plus ou moins d’informations de sensibilisation, de données liées à une bonne hygiène de vie, d’espaces dédiés l’activité physique, de moyens thérapeutiques, etc. Le statut économique est donc bien un facteur à part entière en lien avec l’obésité.
Quelles sont les conséquences de l’obésité sur l’organisme ?
L’obésité est une maladie qui implique des risques à différents niveaux et stades. Elle peut entraîner des maladies cardio-vasculaires, des douleurs articulaires (rachialgie, lombalgie, etc.), de l’hypertension, des troubles du sommeil (notamment, syndrome de l’apnée du sommeil) ou encore le diabète comprenant toutes ses complications telles que la rétinopathie (troubles au niveau des yeux et de la rétine) ou la néphropathie (troubles des néphrons, unités fonctionnelles des reins).
Quelles sont les apports nutritionnels journaliers nécessaires à l’organisme ?
Chaque individu a un besoin journalier en énergie propre selon son sexe, sa taille, son âge, son activité physique, etc. Il est indispensable de pouvoir adapter ses apports nutritionnels à sa condition physique. Néanmoins, des moyennes sont établies pour couvrir les besoins de la population générale telles que
- Apports Nutritionnels Conseillés (ANC) en énergie : 2000kcal (femme) et 2500kcal (homme)
- Protéines : 11 à 15% de l’Apport Énergétique Total (AET)
- Lipides : 35 à 40% de l’AET
- Glucides : plus de 50% de l’AET.
Comment peut-on améliorer la lutte et par quel moyen ?
Pour agir de manière efficace, il est indispensable de travailler en synergie, en mettant en réseau différents domaines d’activités et leurs professionnels, que ce soit l’éducation, l’agriculture les affaires sociales, ou encore les affaires économiques.
Il est important de créer des environnements qui soient favorables à la santé en proposant des aliments de bonne qualité nutritionnelle et en aménageant des espaces pour promouvoir l’activité physique.