Les maladies cardiovasculaires sont les premières causes de mortalité dans le monde. Lorsqu’un médecin généraliste détecte une faiblesse cardiaque chez son patient, il l’oriente rapidement vers le cardiologue qui pratiquera des examens précis à l’aide de matériel thérapeutique plus approprié.
Si vous êtes d’origine Polynésienne ou si vous vivez en Polynésie depuis longtemps vous avez déjà dû entendre dire par une parente ou une amie « J’ai le coeur », traduction du tahitien « é ma’i mafatu to’u ».
Lorsqu’ on « a le coeur », autrement dit une faiblesse cardiaque, le Docteur Sir Vuth, un des cardiologues du CHT de Ta’aone peut vous prendre en charge et apporter un diagnostic à votre pathologie. Aujourd’hui, il nous accorde un peu de son temps pour nous donner des explications concernant sa spécialité.
Qu’est-ce que la cardiologie ?
La cardiologie est une spécialité médicale qui étudie le cœur et ses maladies.
Quels sont les maladies que traite le cardiologue ?
Le cardiologue traite les malformations cardiaques découvertes à la naissance ou pendant la grossesse (cardiopathie congénitale), traite les maladies liées au mode de vie (hypertension artérielle, l’infarctus surtout lié au tabac, cholestérol et le diabète l’obésité) traite le RAA (rhumatisme articulaire aigu ) lié aux angines non soignées ou passées inaperçues, endommageant les valves cardiaques pouvant conduire à une opération en dehors du Fénua.
A quel moment consulter un cardiologue ?
On vient consulter le cardiologue principalement sur la demande de son médecin traitant qui joue un rôle important dans la détection des premiers signes (ils sont plus nombreux, plus proches et plus disponibles)
Quels sont les signes avant-coureurs d’une crise cardiaque ?
Les signes typiques d’une crise cardiaque : une douleur au milieu de la poitrine ressentie comme un serrement, une compression qui remonte dans la mâchoire inférieure ou/et le bras gauche. Cette douleur peut survenir pendant un effort (de jardinage, de marche, de bricolage …) et qui disparait rapidement à l’arrêt de l’effort. C’est ce qu’on appelle une angine de poitrine. Cette douleur peut aussi survenir sans effort, au repos et dure plusieurs minutes voir des heures, avec malaises, sueurs, palpitations. C’est ce qu’on appelle un infarctus.
Quelles est la pathologie la plus fréquente en Polynésie ?
La pathologie fréquente est l’obésité touchant 30 % des enfants de 5-14 ans, 40% des adultes (les femmes sont plus touchées) et 60% si on rajoute le surpoids. Nous sommes sur le podium mondial. On mange trop riche (graisse, sucre), en grande quantité, et trop souvent dans la journée (grignotage) et on bouge moins (sédentarité).
Quels sont les facteurs de risque cardiovasculaire ? Les personnes les plus concernées ?
Un facteur de risque cardiovasculaire (FRCV) se définit comme un facteur pour lequel l’exposition du patient à ce facteur augmente le risque de survenue de la maladie coronarienne alors que la suppression ou l’amélioration de ce facteur diminue le risque. Les principaux sont : le tabagisme, les dyslipidémies (cholestérol), l’hypertension artérielle et le diabète, l’obésité.
Comment préparez-vous votre consultation ? Comment se déroule la consultation ?
Je travaille avec une infirmière qui accueille le patient, adressé souvent par son médecin avec un courrier. Elle crée son dossier si besoin, recueille les renseignements médicaux prend les constantes : tension artérielle poids, taille pour les enfants, et effectue un électrocardiogramme. Par la suite je le vois, l’interroge, l’examine, et pratique les examens complémentaires. Enfin je fais un courrier à son médecin tout en répondant à leurs questions. En cas d’urgence, je peux le transférer à hôpital.
Sentez-vous que vos patients atteints d’insuffisance cardiaque ont besoin d’un soutien psychologique particulier ?
Non. Les patients polynésiens sont bien entourés. Je les trouve courageux et résistants, et fatalistes Les besoins de soutien psychologique se font donc moins ressentir.
Quels sont les conseils pour améliorer la qualité de vie de ces patients ?
Les conseils ou l’éducation, s’adressent non seulement aux patients en insuffisance cardiaque stable, mais aussi à leur entourage.
- d’abord expliquer la maladie et les symptômes d’alertes.
- perdre du poids si ils sont obèses ou en surpoids.
- surveiller le poids : une prise de poids inexpliquée comme 2 kg en 3 jours doit conduire à consulter.
- les encourager à stopper le tabac.
- maintenir une activité physique quotidienne ou une activité de loisir, sans efforts épuisants (en plein chaleur par exemple) ou sport de compétition. Cela permet de maintenir une masse musculaire.
- manger moins salé
- bien s’hydrater sous traitement.
- alcool modéré : 2 verres de vins par jour.
- l’entourage doit surveiller la bonne prise du traitement.
- l’activité sexuelle n’est pas contre indiquée.
- les altitudes élevées sont à éviter. les courts trajets en avion sont préférés aux longs trajets.
- faire les vaccins comme la grippe facteur aggravant de l’insuffisance cardiaque ou déclenchant d’une poussée aiguë.
- enfin ne pas hésiter à poser des questions !
Quels sont les premiers gestes qui peuvent sauver une personne d’un arrêt cardiaque ?
3 gestes pour sauver une vie (fédération française de cardiologie) : en premier, appeler le 15 (SAMU) puis pratiquer le massage cardiaque et faire un électrochoc si on dispose l’appareil (défibrillateur) sur place.