Nous devons admettre que généralement nous nous soucions fort peu de notre dos. Jusqu’au jour où une lombalgie, une sciatique ou un simple torticoli nous rappellent douloureusement que nous avons une colonne vertébrale. Très souvent, lorsque la douleur apparaît, c’est le signe que nous avons déjà bien entamé notre « capital dos ». Un capital que nous aurons certainement du mal à reconstituer mais que nous pouvons commencer à économiser, en prenant rendez-vous, par exemple, chez un chiropracteur.
Lors du premier rendez-vous, le chiropracteur fera le point sur les traumatismes particuliers, les maladies et les conditions de vie qui ont pu entraîner des douleurs.
Il nous indiquera ce que l’on peut corriger pour améliorer sa posture et corriger la douleur : les gestes à faire ou ne pas faire, les positions de sommeil recommandées ou pas, les sports indiqués ou non, les conseils de nutrition.
Puis le chiropracteur déterminera un plan de traitement qu’il jugera nécessaire pour l’amélioration de notre condition. Cette phase d’ajustement s’inscrit dans le temps et peut durer plusieurs mois si nécessaire. S’en suit une phase d’entretien et de stabilisation qui permet essentiellement de travailler sur la prévention des dysfonctionnements de l’appareil locomoteur.
Afin de mieux comprendre le déroulement et les bénéfices des séances de chiropraxie, nous avons rencontré Monsieur Julien Beaussier, chiropracteur à Tahiti.
Pouvez-vous tout d’abord nous éclairer sur les appellations officielles : parle-t-on de chiropraxie ou de chiropractie ? Et de chiropracteur ou de chiropraticien ?
Les appellations varient selon les lois et les pays, moi j’ai fait des études de chiropratique et je suis devenu chiropraticien, depuis je pratique de la chiropraxie et je suis un chiropracteur. Donc les appellations officielles aujourd’hui sont chiropraxie et chiropracteur.
Comment êtes-vous devenu chiropraticien ?
Je suis devenu chiropracteur du fait des douleurs de dos de mon père et de mon passé de sportif de haut niveau (équipe de France de voile).
Le jour où je me suis intéressé à ces pratiques, mon père était suivi par un ostéopathe et par un étiopathe, lorsque je leur ai demandé quelles études il fallait faire, ils m’ont dirigé vers la chiropraxie, qui avait et qui a toujours une formation plus complète reconnue et standardisée dans le monde.
Pouvez-vous définir pour nos lecteurs de manière générale ce qu’est la chiropraxie?
La chiropraxie est une profession de santé manuelle ayant pour but le fonctionnement optimal du système nerveux, ce qui permet d’être le plus performant possible au niveau physique, chimique et psycho-émotionnel.
Il ne faut pas oublier que selon l’OMS (organisation mondiale de la santé), la santé est un état de complet bien être physique, mental et social, et ne consiste pas seulement en une absence de maladie ou d’infirmité.
Pourquoi avez-vous choisi précisément cette voie pour soulager (soigner) les personnes ?
J’ai choisi cette voie car c’est une profession manuelle premièrement, ensuite parce qu’elle s’occupe de personne dans leur globalité et aussi parce que l’on va chercher la cause du problème, pas uniquement le traitement des conséquences, des symptômes.
C’est ainsi qu’Hippocrate voyait la santé, « si quelqu’un desire la santé, il faut d’abord lui demander s’il est prêt a supprimer les causes de sa maladie. Alors seulement il est possible de l’avoir ».
Faut-il d’abord consulter son médecin avant de venir consulter un chiropracteur ?
Non le chiropracteur est un professionnel de santé de première intention, c’est à dire que les patients n’ont pas besoin d’ordonnance pour consulter.
Quels symptômes amènent les patients à vous consulter ?
Lorsqu’ils viennent pour la première fois, c’est souvent pour une douleur : dos, genoux, cervicales, chevilles … . Les nouveaux nés sont très concernés pour des troubles tels que les coliques, régurgitations, troubles du sommeil…
Puis quand ils ont compris notre travail, on voit des patients pour des demandes très variées, les douleurs bien sur, mais aussi le stress, le sommeil, les performances sportives, le bien être … .
Lorsque qu’un patient vient vous consulter, par exemple, avec un mal de dos, comment se déroule la séance ?
On recueille lors d’une anamnèse, ses complaintes, ses antécédents, son histoire, son quotidien professionnel et ensuite on fait un examen chiropratique, mobilité, amplitude et autres tests orthopédiques. Si besoin on peut le référer à un radiologue pour faire des examens complémentaires, radios, échographies, et quand on a identifié le trouble du patient, on va effectuer des ajustements chiropratiques.
Si l’on parle maintenant des troubles en termes un peu plus techniques, que soignez-vous concrètement dans la colonne vertébrale ? Que « remettez-vous en place »?
Alors on ne soigne rien, le but de la chiropratique est de restituer un fonctionnement optimal de tous les systèmes (nerveux, digestifs, circulatoires, lymphatiques) pour annihiler le trouble que ressent le patient.
Par exemple, une vertèbre perd sa mobilité, elle n’est pas déplacée, elle est bloquée, il y a une restriction de mouvement, qui va provoquer une perte de mobilité articulaire, une inflammation et donc une douleur, nous, notre travail, est de restituer la mobilité, la fonctionnalité de la zone contrôlée par cet étage vertébral sera naturellement retrouvée.
Qu’est-ce qui produit le « déclic » ou « le crac »?
C’est l’échappement d’une bulle de gaz de la capsule articulaire qui se produit lorsqu’on rend la mobilité à une articulation. On peut comparer ca au « pschhhht » lorsque l’on ouvre une bouteille de soda.
Est-ce qu’un ajustement chiropratique est douloureux ?
Un ajustement chiropratique ne doit pas être douloureux, il peut faire du bruit, il peut impressionner mais il doit être indolore.
Combien de temps s’écoule avant de ressentir les effets positifs de l’ajustement ?
Si la douleur est récente, si le corps n’a pas eu le temps de compenser, immédiatement le patient ressent un bénéfice, soit il n’a plus mal du tout et dans ce cas l’ajustement paraît toujours magique, soit il ressent une libération, une baisse de la tension musculaire et avec un peu de temps l’inflammation va diminuer et le bénéfice sera de plus en plus grand.
Si le problème est chronique, c’est à dire qu’il est présent depuis plus de 3 mois, ça peut être plus long, le corps a compensé, le patient s’est habitué, le corps ne fonctionne plus de manière optimale, et il y aura alors 2 phases, la première pour libérer le blocage, et la deuxième pour rééduquer le corps à refonctionner de manière normale.
Existe-t-il des contre-indications à un traitement chiropratique ?
Oui il y a certaines contre-indications aux manipulations cervicales qui sont les fractures, les tumeurs malignes, les insuffisances vertebro-basilaires, les osteopenies majeures et les méningites.
Dans ces cas précis, il nous faut utiliser d’autres techniques non manipulatives.
Donc ce sont des contre indications aux « manipulations », pas du tout à la chiropraxie, on peut utiliser beaucoup d’autres techniques.
Pour terminer, une question que se posent de nombreux lecteurs : quelle est la différence entre ostéopathe et chiropracteur ?
La différence majeure est la formation, un chiropracteur a une formation qui est la même dans le monde, c’est 6 ans d’études à temps plein. L’ostéopathe en France c’est très variable, entre des formations de quelques stages réservées à des kinésithétrapeutes, à 5 ans d’étude, il y a beaucoup de formations diverses, donc je ne peux pas trop répondre sur leur cas. C’est pour ça quand on me pose cette question, je réponds que je peux dire ce que fait un chiropracteur, un ostéopathe à part si je le connais personnellement, je ne sais pas ce qu’il fait exactement, ça ne veut pas dire qu’il n’est pas bon, tout dépend de sa formation. Nous, on a la chance, enfin c’est un souhait au niveau mondial, d’avoir une formation uniformisée qu’on soit aux Etats Unis, en France, en Nouvelle Zélande, en Australie, au Japon.
Quels sont les points positifs et les points négatifs du métier ?
Points positifs
On est au contact des gens, on aide les gens, on peut travailler n’importe où, c’est un travail très gratifiant.
Points négatifs
Il y a beaucoup de travail, mais je ne suis pas sur que ce soit un point négatif.
Quels sont les conseils que vous donneriez à un jeune Polynésien qui souhaite faire des études de chiropraxie ?
Venir voir dans les cabinets comment ça se passe, tous les chiropracteurs l’accueilleront à bras ouvert pour discuter, j’en ai vu 3 pendant ces vacances, bien discuter pour connaître le métier, la philosophie de ce métier.
Après voir avec lui s’il est préférable qu’il fasse ses études en France, aux Etats Unis ou en Nouvelle Zélande, et s’il souhaite aller en France, on peut le mettre en relation avec des chiropracteurs la-bas, il y a une grande solidarité entre nous.