Tout le monde n’en est pas toujours conscient mais la consommation d’alcool durant la grossesse peut avoir de graves conséquences sur la vie du foetus et sur son développement tant physique que psychomoteur…
Les conséquences de l’alcool sur la grossesse
Les conséquences de l’abus d’alcool durant la grossesse sont mis en exergue depuis peu. Grace à de nombreuses études, le risque de malformation due à l’ alcool a été bien documenté et son rôle sur le système nerveux central du foetus a également été mis en évidence, même en cas de consommation modérée.
L’extrême facilité du passage de l’alcool à travers le placenta engendre d’importantes anomalies. Le foetus se trouve alors exposé à une alcoolémie égale à celle de la mère, mais l’élimination de l’alcool sera plus lente chez lui, en raison de ses faibles capacités digestives. L’ alcool vient interférer avec les étapes de reproduction des cellules cérébrales et la migration des neurones.
Si la nocivité de la consommation chronique d’alcool, quelle que soit son importance, a déjà été prouvé, une consommation périodique et excessive (une fête bien arrosée) pourrait lui être supérieure. Attention donc aux soirées arrosées de fin de semaine alors que la grossesse débute et n’est pas encore connue !
S’abstenir de toute boisson alcoolisée doit être la règle pendant toute la grossesse car les relations entre la gravité de l’intoxication et ses complications ne peuvent pas être réellement appréciées. En effet, tout comme chez la mère, les effets de l’alcool sur le foetus sont variables, probablement en raison de facteurs génétiques.
Sept bonnes raisons de ne pas boire pendant la grossesse
- L’ alcool diminue le poids de naissance des nouveau-nés, le retard de croissance intra-utérin s’installant dès le 2e trimestre de la grossesse et pouvant être associé à une naissance prématurée.
- L’intoxication chronique est responsable d’une embryofoetopathie alcoolique, caractérisée par des anomalies crâniofaciales pouvant être visibles à l’échographie et donnant un faciès particulier au nouveau-né. Ces modifications persistent pendant l’enfance et évoluent ensuite à l’adolescence.
- Le nouveau-né peut présenter un syndrome de sevrage avec hyperexcitabilité, troubles de la succion et troubles du sommeil qui persistent quelques semaines.
- Dans la petite enfance, le développement psychomoteur est lent (retard à la marche, au langage) et par la suite surviennent des retards scolaires avec souvent, une baisse du quotient intellectuel.
- D’autres anomalies sont possibles : malformations cardio-vasculaires, cérébrales, squelettiques (mains, pieds, doigts, etc.), urogénitales…
- La consommation modérée d’alcool est, pour sa part, responsable d’un ralentissement des processus neurocomportementaux. Peuvent être observés des troubles de l’attention, une hyperactivité, des difficultés d’apprentissage de la lecture et de l’écriture.
- Le risque d’avortement spontané est multiplié par deux (surtout en cas d’intoxication aiguë).
Un nombre élévé d’ enfants touchés
Penser que les enfants dont les mères ont eu une consommation modérée ne présentent pas de retard cognitif est rassurant; cependant les tests menés pour cette étude restent trop imprécis. Ils ciblent une partie des aptitudes scolaires alors que le développement et l’adaptation sociale des enfants touchés par les troubles causés par l’alcoolisation foetale sont plus atteints que leur capacité intellectuelle.
Et si certains enfants s’en sortent scolairement, ils présentent des difficultés d’intégration et d’adaptation. L’alcool touche notamment les fonctions exécutives du cerveau. Les individus atteints auront plus de mal à planifier, organiser, structurer, à s’adapter aux changements d’environnement, mais aussi à contrôler leurs émotions et à se concentrer. Ces jeunes s’épuisent psychologiquement.
Ainsi, l’alcool peut être à l’origine de l’échec scolaire, de conduites asociales voire délinquantes d’adolescents. Et les conséquences perdurent toute leur vie…
Le vin et la bière sont ils moins dangeureux pour le foetus que les alcools forts ?
Toutes les boissons alcoolisées (vin, bière, rhum, vodka, whisky, pastis, etc.) contiennent la même molécule, appelée éthanol, dangereuse pour le foetus. Elles présentent donc le même danger.
Toute consommation d’alcool pendant la grossesse est susceptible de présenter un risque. Les effets néfastes n’apparaîtront pas systématiquement. En effet, des femmes ayant bu de l’alcool pendant leur grossesse peuvent avoir des enfants en bonne santé. On ne peut pas se baser sur les cas particuliers, il faut étudier un grand nombre de personnes pour déterminer les risques : c’est ce que font les scientifiques qui travaillent dans le domaine de la santé publique.
Compte tenu des études qui prouvent la corrélation entre les anomalies chez les enfants et la consommation d’alcool pendant la grossesse, il est vivement conseillé de s’abstenir totalement de boire durant sa grossesse.
Faire tomber le tabou
Comme précisé ci dessus, il est conseillé aux femmes enceintes de suivre le principe de précaution et de s’abstenir d’alcool pendant la grossesse. Sinon, dans le contexte actuel de crise et de recrudescence des accès d’ivresse chez les jeunes, ce sont de plus en plus d’enfants atteints que la société va devoir porter.
Il ne s’agit ni d’interdire, ni de juger mais d’informer. Il ne faut pas que ce phénomène soit un tabou, pour que les institutions compétentes puissent prendre en charge les enfants concernés de manière efficace et adaptée. Les difficultés de ces mères génèrent de la souffrance et des inégalités sociales acquises dès la naissance. Garder ces problèmes sous silence, c’est empêcher que les enfants atteints soient suivis comme le sont les grands prématurés.
Lorsqu’une futur mère constate un retard de croissance du à la prise d’alcool régulière, il est toujours temps d’intervenir en cours de grossesse et tenter de sauver l’enfant. Plutôt que d’hypothéquer l’avenir de nos enfants en étant dans le jugement, il est de notre responsabilité à tous de parler de l’alcoolisation foetale.
N’hésitez pas à demander des conseils et de l’aide auprès des spécialistes : des psychologues, médecins addictologues et éducateurs. Le C.C.S.A.T propose des consultations gratuites au 40 46 00 67. Toutes les informations sont sur la page Facebook Drogues et Addictions-Polynésie.
Source : Préparemagrossesse