Une recrudescence des cas de rougeole est observée dans pratiquement toutes les régions du monde et des épidémies se développent aujourd’hui dans plusieurs pays de la zone Pacifique. Face à cela, il paraît crucial de rappeler que la rougeole est loin d’être une maladie bénigne et que l’unique moyen de se protéger reste la vaccination. Actu Santé Fenua vous fait un zoom sur la situation actuelle de la rougeole en Polynésie et vous indique les recommandations à prendre contre ce virus. Ensemble, agissons et protégeons-nous !
La rougeole, c’est quoi au juste ?
Moins connue que sa cousine la varicelle, la rougeole est une maladie virale infantile, qui peut engendrer des complications graves comme le démontre actuellement la situation d’urgence que vivent les habitants des îles Samoa. En effet, il s’agit d’une infection des plus contagieuses. Cette maladie est liée à un virus, plus exactement à un morbillivirus de la famille des Paramyxovirus, et sévit sous forme d’épidémies. Les enfants de moins de 6 mois sont en général protégés par les anticorps de leur mère (si elle a eu la rougeole ou si elle est vaccinée). Pour se protéger, deux solutions : avoir déjà eu la rougeole, ou avoir reçu deux doses de vaccin anti rougeoleux. Une couverture vaccinale élevée est en effet indispensable pour éliminer cette maladie. De ce fait, en Polynésie française, la vaccination contre la rougeole est obligatoire depuis 1985.
Mais comment s’effectue la contamination ?
La contamination par le virus de la rougeole se fait par l’intermédiaire de gouttelettes de salive provenant des voies aériennes et contenant le virus :
- Lors de toux, éternuements, mouchages, ou encore contacts par des mains souillées par la salive,
- Lors d’un contact étroit avec des personnes infectées,
- Par les objets contaminés par des sécrétions du nez ou de la gorge (jouets, mouchoirs, cahiers d’école, )
Le malade est contagieux de 5 jours avant le début de l’éruption cutanée (phase de contagion maximale), et jusqu’à 5 jours après le début de l’éruption.
Comme la rougeole est causée par un virus très contagieux, un malade peut contaminer 15 à 20 personnes non immunisées de son entourage. Il faut rappeler également qu’il est possible d’avoir la rougeole à tout âge ! Elle survient le plus souvent dans l’enfance, mais peut également survenir chez l’adolescent et l’adulte, en l’absence de vaccination.
Zoom sur les symptômes
Les premiers symptômes qui apparaissent généralement 8 à 12 jours après l’exposition au virus sont les suivants :
- Fièvre élevée (39,5 – 40°C), souvent avec maux de tête et malaise général,
- Ecoulement nasal, toux,
- Conjonctivite et yeux larmoyants,
- Eruption cutanée bien entendue, qui débute souvent derrière les oreilles.
De plus, le système digestif est souvent atteint, provocant diarrhées, douleurs abdominales et vomissements.
En cas de présence de ces symptômes, consultez votre médecin généraliste. En cas d’exposition à une personne atteinte de la maladie, communiquez l’information à votre médecin pour vérifier la pertinence de recevoir le vaccin ou une injection d’anticorps, selon votre état de santé.
Zoom sur les traitements
Dans un premier temps, il faut isoler le patient pour éviter la contagion. Il faudra ensuite lutter contre les symptômes que nous avons décrits précédemment grâce à des médicaments contre la fièvre, la toux, les démangeaisons, etc.
Il faudra également veiller à bien faire boire plusieurs litres d’eau au patient par jour, afin d’éviter qu’il ne se déshydrate.
Pour éviter les complications oculaires, une alimentation riche en vitamine A ou/et des compléments alimentaires à base de carottes ou d’huile de foie de morue par exemple, pourront être administrés.
L’épidémie de rougeole frappe aujourd’hui les îles Samoa
L’état d’urgence a été déclaré dans les îles Samoa, en raison d’une grave épidémie de rougeole, provoquant une crise sanitaire majeure. Le bilan de cette épidémie, qui a débuté mi-octobre, atteint désormais plus de 70 décès dans l’archipel du Pacifique Sud, dont la plupart sont des enfants âgés de moins de quatre ans. Face à cela, des mesures d’urgence ont été prises telles qu’une campagne d’immunisation obligatoire générale et la fermeture des écoles et des services publics. Cela ne suffit malheureusement pas à contenir l’épidémie qui semble gagner en intensité dans un pays particulièrement vulnérable, au vu du faible taux initial de vaccination.
Il faut savoir que la rougeole est une maladie potentiellement mortelle. Après une baisse spectaculaire au début des années 2000, la maladie est désormais en recrudescence, notamment en raison d’une défiance croissante envers les vaccins.
Comment éviter l’épidémie en Polynésie ?
Dans le cadre de la préparation à une épidémie de rougeole, il est important d’établir en priorité une vérification du statut immunitaire des personnels de santé, pour éviter de disséminer la maladie dans les lieux de soins.
Puis, les personnels de santé seront amenés à vérifier l’immunité de chacun des patients en consultation pour procéder à la mise à jour de leur vaccination contre la rougeole.
Il faut savoir qu’en Polynésie, la vaccination contre la rougeole est obligatoire depuis 1985. Avec dans un premier temps une seule injection puis, suite à une épidémie en 1997, un rattrapage de masse effectué en 1998, le Territoire a pu permettre aux enfants de recevoir deux injections de vaccin contre la rougeole, conformément aux recommandations internationales.
La conséquence est qu’en Polynésie, une faible partie de la population pourrait être susceptible de contracter la rougeole aujourd’hui.
L’unique solution est la vérification du statut de vaccination pour éviter une épidémie sur le Fenua. En cas de doute, il est possible de faire vérifier son statut vaccinal auprès d’un professionnel de santé pour bénéficier si nécessaire d’un rattrapage vaccinal (toute personne de plus de 12 mois et née depuis 1980 doit avoir bénéficié de deux doses de vaccin).
Voici, ci-dessous, le plan de réponse à la menace de rougeole du Ministère de la Santé :
Âge de la vaccination : Vaccin
12 mois (obligatoire)
1ère dose de vaccin ROR (Rougeole, Oreillons, Rubéole = vaccin trivalent)
Entre 16 et 18 mois (obligatoire)
2ème dose de vaccin ROR (cette 2ème dose peut être administrée avant 16 mois sous réserve de respecter un délai minimal de 1 mois entre les 2 doses).
Recommandations pour les groupes à risque
Groupe à risque : Vaccin
Nourrissons de 6 à 11 mois révolus
Se rendant en voyage dans une zone de forte endémicité ou contact d’un cas de rougeole : Une dose de vaccin trivalent peut être administrée entre 6 et 11 mois révolus (l’enfant recevra par la suite deux doses de vaccin trivalent suivant les recommandations du calendrier vaccinal.)
Voyageurs en zone de haute endémicité et non vaccinés ou sans antécédent de rougeole antécédent de rougeole
Nés avant 1980 : une dose de vaccin trivalent. Si nés à partir de 1980 mise à jour du calendrier vaccinal : 2 doses de ROR administrées à un mois d’intervalle minimum.
NB : Si la première dose a été reçue avant l’âge de 12 mois : vérifier et compléter le schéma vaccinal en administrant une 3ème dose de vaccin trivalent.
Professionnels de santé non vaccinés, sans antécédent de rougeole ou dont l’histoire est douteuse parmi les suivants : professionnels de santé en formation, à l’embauche ou en poste, en priorité dans les services accueillant des sujets à risque de rougeole grave. Pour ces personnes, le contrôle sérologique est inutile.
Nés avant 1980 : une dose de vaccin trivalent ROR.
Nés à partir de 1980 : mise à jour conformément au calendrier vaccinal pour atteindre deux doses de vaccin trivalent.
NB : En cas de contage, pour les professionnels de santé qui ne sont pas immunisés (pas d’antécédents de rougeole, pas de vaccination complète avec deux doses) quelle que soit l’année de naissance, une dose de vaccin trivalent ROR doit être administrée.
Il est intéressant de noter qu’en cas d’exposition au virus d’une personne non immunisée, une vaccination dans les 72 heures qui suivent ce contact peut éviter la survenue de la maladie. Cette vaccination reste préconisée même si ce délai est dépassé.
En conclusion et compte tenu de la situation épidémiologique, nous vous invitons à vérifier votre calendrier vaccinal, et en cas de doute, de consulter votre médecin généraliste pour procéder à la mise à jour de la vaccination contre la rougeole.