Quoi de plus frustrant que de faire attention chaque jour à son poids, de tout mettre en œuvre pour enfin avoir une silhouette qui nous convienne…Mais en même temps d’être pris de pulsions incontrôlables de boulimie, sans éprouver le moindre plaisir, sans même avoir faim. Puis se faire vomir toutes ces culpabilités en cachette, honteux d’avoir perdu le contrôle une fois de plus… Comment se sortir de ce cercle vicieux, et reprendre simplement du plaisir à manger ?
La boulimie, une dépendance
La boulimie c’est une surconsommation alimentaire rapide, et excessive souvent sans mastication, sans sensation de faim et encore moins de plaisir. Elle fait partie des troubles du comportement alimentaire (TCA), touchant plus souvent les femmes en fin d’adolescence. Les causes sont généralement psychologiques, liées à des dépressions, même légères, un trouble du plaisir. D’autres facteurs peuvent rentrer en jeu comme un deuil, une rupture amoureuse, un déménagement, une trahison, un conflit.
Après la crise de boulimie suivent un sentiment de culpabilité, de honte et de perte de contrôle. Ces crises se caractérisent donc, par l’ingurgitation d’aliments hypercaloriques et faciles à ingérer ; elles peuvent avoir lieu plusieurs fois par jour. La culpabilité plonge le boulimique alors dans le secret, qui peut être gardé longtemps. Contrairement à l’anorexie où on tente de construire sa force dans le rejet de la nourriture, les boulimiques compensent leurs souffrances et le vide en elles par la nourriture. La boulimie est souvent apparentée à une addiction car la personne a un rapport à la nourriture souvent comparable à celui de la drogue.
Reconnaître la boulimie
Ce n’est pas parce que tu grignotes parfois en cachette, et que tu viens d’avoir des crampes abdominales après t’être enfilé 1 plaquette de chocolat que tu es boulimique : loin de là !
Voici comment reconnaître la boulimie :
Tout d’abord il y a 3 phases qui la caractérisent.
- Phase 1 : La préparation
C’est la phase où l’on prévoit ce que l’on mangera, que l’on planifie l’achat, voire le vol. Une réelle phase de pulsions d’envie avec a contrario des pulsions de stress d’être vu, de regrets anticipés.
- Phase 2 : La crise
Le passage à l’acte : on ingurgite au maximum tout ce qui nous passe par la main, paquet de chips, gâteaux, reste de la veille, baguette au Nutella avec des morceaux de chocolat, un camembert avec des toasts de pâté et des pop corns. Une réelle surconsommation alimentaire incontrôlable qui s’effectue très rapidement! Il n’y a pas de plaisir, c’est déraisonné, et cela s’effectue en cachette, dans le stress d’être aperçu.
- Phase 3 : La résolution
Le moment des regrets : on sort de l’emprise incontrôlable de manger, rempli de mépris de soi, de honte, et de culpabilité.
A la fin de la crise, on éprouve de forts maux de ventre, des douleurs abdominales, des nausées, de la fatigue. Cette phase est souvent conclue par des vomissements, des prises de laxatifs, un jeûne, ou bien des exercices physiques excessifs.
Les signes qui ne trompent pas
Pour l’entourage il sera opportun de repérer des comportements ou signes qui ne trompent pas.
- Une obsession pour la nourriture (images, sites, passe du temps à choisir et à parler de la nourriture),
- Nourriture qui disparait dans la maison,
- Il lui arrive de manger rapidement sans mâcher,
- Mange de moins en moins aux repas,
- Des conflits avec l’entourage autour de la nourriture,
- Ne prends pas le temps de s’installer à table,
- Découverte d’emballages d’aliments sous les lits, dans la poubelle.
- L’air anxieux après un repas,
- Mal à l’aise dans son corps,
- Se pèse très souvent,
- S’observe constamment dans les miroirs,
- Signes de malnutrition (peau sèche, ongles cassants, altération dentaire),
- Marque rouge aux bouts des doigts : signes du vomissement,
- Apparition de laxatif à la maison,
- Humeur instable,
- Comportement excessif (vol, alcool, drogue),
Veillez à surveiller les régimes de vos proches, car ils peuvent engendrer des troubles alimentaires. Si vous voyez des signes chez un de vos proches parlez-en avec lui dans un premier temps, puis incité le à consulter un médecin.
Quelles sont les conséquences de ce cercle vicieux sans « faim » ?
La boulimie peut malheureusement engendrer des complications, parfois très graves telles que :
- Des inflammations des muqueuses de l’oesophage et de l’estomac (parfois des ulcères),
- Désordres métaboliques dus à la prise de laxatif, et aux vomissements successifs,
- Détérioration des dents, des gencives,
- Un arrêt des cycles menstruels,
- Une baisse de l’Indice de Masse Corporel,
- Une obésité,
- Passage à l’anorexie,
- Troubles de la personnalité,
- De nouvelles addictions telles que l’alcool, la drogue, la prise de médicaments,
- Et jusqu’à la dépression avec risque suicidaire.
Les conséquences dépendent bien évidement de chaque cas, de chaque habitude.
Existe-t-il une solution ?
La boulimie peut se guérir, pour cela il faut effectuer un travail sur plusieurs niveaux :
Travail sur le niveau nutritionnel :
- Retrouver et maintenir un Indice de Masse Corporel normal, apport d’un modèle alimentaire, retrouver une sensation de faim, satiété, restauration du poids.
Travail sur le niveau comportemental :
- Retrouver du plaisir, manger tranquillement en prenant le temps de mettre la table, ne plus être obsédé par la nourriture, adopter de bons comportements, avec la nourriture.
Travail sur le niveau psychologique :
- Travail sur l’estime de soi, la confiance en soi, être en paix avec son corps. Exprimer ses vrais désirs.
Pour cela la patiente aura le plus souvent besoin d’une équipe de suivi :
- La consultation d’un médecin,
- Un suivi psychologique,
- Un soutien psychiatrique,
- Un suivi par un diététicien ou une nutritionniste,
- Un groupe de parole.
La boulimie est donc une maladie, ou un trouble du comportement, très complexe, qui se traduit différemment selon les individus. Il est important de surveiller tous les régimes, et dépressions de ses proches afin de déceler rapidement les signes qui ne trompent pas. Heureusement on peut en guérir, en acceptant d’être soigné. Plus vite la maladie est prise en charge et plus rapidement on pourra s’en sortir.